La majorité numérique à 16 ans: vos questions, nos réponses !

 

 23 mai 2024

Le dévoilement de notre proposition la semaine dernière a engendré plusieurs interrogations.

Nous vous avons entendu. Voici les réponses à toutes vos questions !

 

  • Pourquoi limiter les réseaux sociaux ? 

Selon les experts, les réseaux sociaux créent souvent une dépendance, surtout à l’adolescence, alors que le cerveau est en plein développement. Ils ont aussi des effets néfastes sur la socialisation, le sommeil, l’attention et la santé mentale, en plus des risques de cyberintimidation, de leurre et de partage d’images sans consentement. 

 

  • Pourquoi 16 ans ? 

Au Québec, à 16 ans, on peut avoir un permis de conduire et on a le droit de quitter l’école. On devient assez mature pour faire nos propres choix. On est plus indépendant et on se dirige vers la vie d’adulte. C’est également l’âge qui est recommandé par plusieurs experts de la question. 

 

  • Comment la vérification de l’âge serait appliquée ? 

Notre proposition est de mettre en place d’une vérification RIGOUREUSE et obligatoire de l’âge pour pouvoir ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, contrairement à ce qui se fait actuellement. Cette responsabilité pourrait être celle d’un intermédiaire neutre, comme c’est prévu en France ou des plateformes elles-mêmes. Les plateformes ne sont pas au-dessus de la loi : si elles ne respectent pas leurs obligations, des sanctions leur seraient imposées. 

 

  • Quels réseaux sociaux sont visés ? 

Les réseaux visés seraient uniquement ceux avec un défilement infini, avec des algorithmes addictifs et qui recueillent nos données personnelles en vue de nous montrer de la publicité ciblée. Les applications de messagerie écrite ne seraient pas concernées par l’interdiction. 

 

  • On ne devrait pas plutôt miser sur la sensibilisation ?

L’un n’empêche pas l’autre ! On veut user de la pédagogie pour conscientiser les jeunes aux risques de ces plateformes et leur permettre de gagner en maturité et en connaissances avant de s’y inscrire. D’ailleurs, le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise comporte un volet sur l’éducation au numérique. 

 

  • N’est-ce pas la responsabilité des parents ? 

Les parents sont souvent démunis face à l’évolution des réseaux sociaux. C’est difficile pour eux de surveiller tous les contenus que consomment leurs enfants. Les réseaux sont une réalité parfois difficile à comprendre. Les plateformes ont un rôle à jouer, on ne peut pas mettre toute la responsabilité sur les épaules des parents, qui pourraient même tirer du positif. 

 

  • À partir de quand ça s’appliquerait ? 

La mesure ne s’appliquerait pas aux jeunes qui ont présentement un compte sur les réseaux sociaux. Ainsi, on pourrait exiger une vérification des nouveaux comptes seulement, ou encore augmenter graduellement l’âge de l’interdiction, chaque année, jusqu’à 16 ans. Les changements seraient minimes grâce à une transition en douceur. 

 

  • Donc vous êtes contre les réseaux sociaux ? 

Pas du tout. Ce sont d’excellents outils pour garder contact avec ses proches et pour se divertir de temps en temps. Ce sont les abus dans leur utilisation qu’il faut prévenir. C’est pourquoi nous croyons qu’il est préférable de mieux les encadrer pour en tirer tous les bénéfices. 

 

 

Ma génération a été celle des cobayes de Meta!

 

 16 mai 2024

« J’ai 22 ans et, comme tous les jeunes de ma génération, j’ai grandi avec les médias sociaux. Pendant notre enfance, nos sociétés se sont lancées dans une grande expérience dont nous avons été les cobayes, alors que l’on ignorait les conséquences de ces plateformes sur notre développement et notre santé mentale. Maintenant que s’amorce un réveil collectif sur cette question, notre génération doit avoir son mot à dire. »

À la Commission de la Relève de la CAQ, nous avons vu directement les effets que les réseaux sociaux ont eus sur nous-mêmes et sur notre entourage. Nous avons été confrontés à une réalité que les générations précédentes n’ont pas vécue, et qu’elles peuvent difficilement saisir. Moi-même, en tant qu’étudiante en enseignement, je constate les conséquences des médias sociaux sur des élèves du primaire. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés.

L’arrivée de plus en plus précoce des jeunes sur les médias sociaux a amené avec elle des dangers que nos parents n’ont pas dû affronter à notre âge, comme la circulation d’images intimes de mineurs sans consentement dans les écoles. Comme jeunes, c’est notre droit à l’image qui est affecté: les plateformes numériques devraient avoir l’obligation de supprimer rapidement les images qui portent atteinte à notre dignité lorsque nous en faisons la demande, sous peine de sanctions. Autant pour la cyberintimidation et le harcèlement que pour la pornographie juvénile, il faut agir pour rendre internet plus sécuritaire pour les mineurs. Ces tristes événements, lorsqu’ils ont lieu, se font presque toujours à l’insu des parents, et on ne peut pas laisser ce fardeau sur leurs seules épaules. Les plateformes doivent assumer leurs responsabilités.

Plus largement, les effets addictifs et nocifs des médias sociaux sur notre socialisation, notre sommeil, notre attention et notre santé mentale sont bien documentés par les experts. Nous dormons moins bien, nous voyons moins nos amis en personne, notre capacité d’attention régresse en classe, et certains d’entre nous développent une véritable dépendance à ces plateformes souvent conçues pour nous rendre accros. Il est temps que l’on commence à traiter les médias sociaux pour ce qu’ils sont: des produits addictifs, au même titre que l’alcool, le cannabis et les jeux de hasard. Ainsi, nous croyons qu’il est devenu nécessaire de fixer à 16 ans l’âge minimum pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, et de l’appliquer rigoureusement, notamment à l’aide de technologies déjà employées par les géants du web. Comme pour acheter de la bière ou un billet de loterie, il devrait être normal de vérifier l’âge des utilisateurs, et ce, pour leur propre sécurité.

Nous sommes conscients que ces propositions audacieuses feront débat. Toutefois, nous ne pouvons laisser Facebook, Instagram, Snapchat, TikTok et Google continuer de mettre à risque la santé physique et mentale des jeunes sans encadrement. Le Québec a toujours été à l’avant-garde en matière de protection de la jeunesse, et une fois de plus, nous pouvons être des précurseurs. Ma génération, qui a grandi avec ces plateformes, a maintenant un rôle central à jouer pour les encadrer et les rendre plus sécuritaires.

– Aurélie Diep, présidente de la Commission de la Relève de la CAQ

 Source : Le Journal de Québec