Le 10 juillet dernier, le gouvernement du Québec annonçait en partenariat avec Hydro-Québec que l’agriculture en serre bénéficierait désormais de tarifs préférentiels d’électricité. À l’heure où la pandémie nous a fait réaliser les inconvénients d’une trop grande dépendance envers l’extérieur pour nous nourrir, cette mesure permettra d’épauler les agriculteurs québécois et d’amorcer une nécessaire transition vers la souveraineté alimentaire.
En effet, des tarifs réduits pour l’agriculture de serre répondent à plusieurs enjeux auxquels font actuellement face les agriculteurs québécois pour remplir nos assiettes :
- Réduire les coûts liés à l’agriculture de serre
- Réduire la dépendance du milieu agricole au propane
- Utiliser Hydro-Québec à son plein potentiel
- Diversifier les plantations pour une agriculture 4 saisons
- Une première étape pour repenser notre agriculture
Réduire les coûts liés à l’agriculture de serre
Dans un pays nordique comme le nôtre, l’agriculture fait face à des défis évidents en raison de la température, qui empêche la culture de certains fruits et légumes pendant une bonne partie de l’année. Dans ce contexte, l’agriculture en serre devient une alternative intéressante pour produire des fruits et légumes québécois à l’année longue.
Cependant, ce modèle entraîne des coûts importants, notamment en ce qui a trait au chauffage. En effet, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) estime que les dépenses en chauffage représentent de 15 à 30 % des dépenses d’exploitation des entreprises de serre au Québec. En moyenne, ces dépenses s’élèvent à près de 40 000$ annuellement, ce qui nuit à la rentabilité des entreprises agricoles, laquelle est pourtant nécessaire pour atteindre une souveraineté alimentaire porteuse de prospérité au Québec.
Réduire la dépendance du milieu agricole au propane
En ayant ainsi accès à de l’électricité à moindre coût, les agriculteurs québécois pourront également se défaire d’une dépendance au propane acheminé du reste du Canada par train. Cette dépendance devient vite handicapante lors de crises ferroviaires, comme ce fut le cas l’année dernière lors de la grève du CN et en début d’année lors des blocages de voies ferrées.
Utilisé pour la production de grains, mais aussi pour le chauffage de bâtiments dans de nombreux élevages, le propane est tombé en pénurie après seulement deux jours de grève en novembre dernier. Une hydroélectricité plus abordable que jamais permettra aux agriculteurs d’éviter de pareilles crises à l’avenir.
Utiliser Hydro-Québec à son plein potentiel
Avec cet appui significatif aux agriculteurs québécois, Hydro-Québec nous rappelle la chance qu’ont les Québécois de bénéficier d’un pareil outil collectif. En effet, depuis la nationalisation de l’hydroélectricité, la société d’État a toujours répondu présent pour servir l’intérêt collectif, et elle le fait une fois de plus pour faciliter notre transition vers la souveraineté alimentaire.
Cette initiative permet également d’utiliser à bon escient les surplus d’hydroélectricité que le Québec accumule chaque année, tout en favorisant les agriculteurs de chez nous.
Diversifier les plantations pour une agriculture 4 saisons
En rendant disponible de l’électricité bon marché pour les producteurs en serre, le gouvernement du Québec espère sécuriser leurs besoins en énergie et leur permettre d’élargir leurs activités. Avec une production en serre diversifiée et active 12 mois par année, les Québécois auront ainsi accès à une plus grande variété de fruits et légumes québécois à l’année longue.
Conséquemment, les fruits et légumes québécois trouveront leur place dans nos assiettes plus longtemps et à des tarifs plus abordables. Avec des agriculteurs locaux plus compétitifs, il sera plus facile de réduire la dépendance alimentaire des Québécois aux produits étrangers. Par le fait même, ceci limitera les risques de bris de la chaîne d’approvisionnement alimentaire fondée sur le principe du “juste assez, juste à temps”, laquelle a été mise à rude épreuve avec la fermeture des frontières dans la foulée de la pandémie.
Une première étape pour repenser notre agriculture
Avec cet investissement structurant pour les agriculteurs de chez nous, le gouvernement du Québec amorce un nécessaire virage vers la souveraineté alimentaire. Cependant, d’autres mesures concrètes doivent suivre pour réussir cet objectif essentiel à l’autonomie du Québec ainsi qu’à la diminution des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pour amener ce débat plus loin, la Commission de la Relève de la CAQ lance une réflexion dans le cadre de son congrès 2020, intitulée Repenser l’agriculture – Viser la souveraineté alimentaire.
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